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Analyse et adoption du projet de loi portant Statut des Langues au Burundi
« La langue nationale est le kirundi. Les langues officielles sont le kirundi et toutes autres langues déterminées par la loi », telle est la disposition de l’article 5 de la Constitution, un article qui ne précise pas toutefois quelles sont ces autres langues. C’est dans le souci de corriger cette erreur qu’un projet de loi portant Statut des Langues au Burundi a été analysé et adopté à l’unanimité (97 voix dont 14 procurations) au cours de la séance plénière du jeudi 28 août 2014. Devant cette situation, a déploré dans son exposé des motifs, le ministre de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique, aucune langue autre que le kirundi ne devrait être utilisée, ni dans les débats, ni dans les discours, ni dans les projets de lois. Même le kirundi ne jouit pas encore pleinement du statut d’officialité que la loi fondamentale lui confère, puisque cette langue n’est pas encore obligatoire dans les débats et projets de lois à étudier et à promulguer, ni non plus la langue exclusive de fonctionnement des institutions. Le danger d’une telle situation, a renchéri l’Honorable Joseph Butore, est qu’elle peut générer un conflit linguistique dont la langue maternelle sort perdante. La coexistence non réglementée de deux langues de prestige inégal débouche effectivement à un conflit, a-t-il poursuivi, avant d’ajouter qu’il est du devoir de clarifier cette situation en déterminant lesquelles des quatre langues entre le kirundi, le français, l’anglais et le kiswahili, doivent être utilisées comme langues officielles et dans quelles proportions et quels domaines obligatoires. Les représentants du peuple ont demandé pourquoi toutes les langues faisant partie du paysage socio-linguistique ne sont pas des langues officielles puisque parmi les quatre langues enseignées au Burundi, on en a seulement choisi trois qui sont officielles hormis le kiswahili.
Pour l’envoyé du Gouvernement, la raison essentielle est que le contexte linguistique actuel ne donne pas au kiswahili une place de choix parmi les langues parlées, enseignées et langues d’enseignement au Burundi. Le Gouvernement s’est réservé de reconnaître cette langue comme langue officielle. Les honorables députés se sont interrogés si ce projet de loi ne serait-il pas un autre de plus, rappelant que par le passé, des efforts de revaloriser le kirundi ont toujours existé mais qui n’ont pas produit des résultats escomptés. Selon l’Honorable Joseph Butore, parallèlement à ce projet de loi, il existe d’autres instruments qui vont l’appuyer. Il a cité la politique nationale linguistique avec son plan d’action et l’académie rundi. Et de mentionner que contrairement auparavant, le présent projet de loi précise les objectifs à atteindre, les opérateurs et les moyens financiers. Notons qu’entre autres recommandations de l’Assemblée Nationale au Gouvernement, figure celle relative à un article de la Constitution qui est mal traduite en kirundi et qui porte par la même occasion préjudice aux honorables députés. L’article stipule que : « Tous les textes législatifs doivent avoir leur version originale en kirundi » alors que la traduction indique que tous les textes législatifs doivent être traduits en kirundi. |
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